samedi 26 mars 2011

La malaxeuse d'Amed

J'ai reçu hier, à Amed, mon premier massage balinais. Ici il est difficile de faire un pas sans s'en entendre proposer un avec un large sourire, parfois incomplet. N'étant pas très friand de chatouilles ni de tortures, j'ai pris pour habitude de répondre tidak, terimah kasi, non merci, littéralement. Mais une amie à moi, qui a souhaité garder l'anonymat car elle veux conserver son poste de chef d'édition aux Inrocks (je l'appelerai désormais B.), B. donc m'avait dit le plus grand bien de T., qui n'a pas particulièrement souhaité garder l'anonymat, mais c'est la seule lettre de son prénom dont je me souvienne. Massage extraordinaire, dixit B., et Dieu sait si B. sait.

Hier, je prends pour une fois mon courage à deux mains plutôt que mes jambes à mon cou en espérant que tous ces membres ne seront pas maltraités par cette solide matrone : deux fois mon âge et trois fois mon poids (pas tout à fait exact, mais ça me rajeunit et me mincit avantageusement). A l'heure où les moustiques mettent leur réveil afin de prendre leur petit déjeuner, je m'installe dans la petit cabane de bambou ouverte aux quatre vents où les balinais ont pour habitude de glandouiller pendant les heures chaudes de la journée et m'allonge sur le ventre, un peu crispé. Après tout, B. est une robuste normande qui n'est peut-être pas aussi douillette que moi.

Deux paluches énormes, à moins que ce ne soient son pouce et son index, s'emparent de mon mollet droit (je me souviendrais toute ma vie qu'elle a commencé par le droit) et commencent à le pétrir avec force et douceur. Et là, au lieu de hurler de douleur ou d'éclater d'un rire nerveux, je sens que ça fait du bien à mon mollet droit. Ses mains ointes d'une huile à l'odeur âcre, pressent chaque muscle, chaque tendon de ma jambe, me donnant l'impression d'être un tube de dentifrice dont on veux retarder l'heure de la poubelle. Enfin, c'est quand même un sentiment un peu plus positif qui m'envahit à ce moment-là. Plutôt celui d'un pis de vache soulagé par la traite de la fermière.

Peu à peu, je me détends, me relâche, fonds. Je pèse deux fois plus lourd et ne pourrai jamais me relever. Je ne bronche même pas quand elle retrousse mon boxer pour mieux me malaxer les fesses. Qu'est-ce qui peux bien lui passer par la tête à ce moment-là ? "Quels slips bizarres ils ont ces occidentaux" ? Ou "ça, c'est du popotin" ? Ou "qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire à manger ce soir ? Du riz et du poisson ?" ?

Moi, j'ai l'esprit vide. Même les moustiques ne me dérangent pas. Avec une viande si tendre, ils doivent se régaler, les amours. Seul regret : ne pas être une pieuvre pour avoir plus de membres à me faire masser.

mercredi 23 mars 2011

Nous étions seulement à Bali depuis trois jours que déjà nous nous y sentions bien. L'impression d'être à la maison. Ce n'est pas faute de n'y rien connaître, la préparation de cette étape m'ayant échappé. On peut pas tout faire.

Mais ça n'est pas plus mal : pas de bonnes adresses, de coups de coeur, de trésors cachés ou d'immanquables recommandés par les guides. Quelques coups d'oeil aux forums de voyageurs sur le Net, deux ou trois conseils d'amis et une compagne prof d'histoire. Pas plus.

Et puis une rencontre à la guesthouse où nous logeons à Ubud. Alain, 30 ans, Grenoblois, coincé à Bali faute d'argent. En attendant une providentielle rentrée de fonds le 1er avril, il vit là depuis un mois et doit tenir un mois encore avec 1 euro par jour pour manger et 5 euros pour le reste. Ce qui est possible ici. Du coup, il a appris un peu de balinais, connaît tous les trucs pour avoir des fruits au meilleur prix, fréquente le warung le moins cher de la ville et tutoie tout le quartier (si tant est qu'on puisse tutoyer en indonésien).

Alain est une mine d'information sur Bali. Pas ce genre de mine pingre qui ne livre ses trésors qu'aux plus acharnés, non. Avec lui le savoir est livré au grand jour, déborde, envahit. Peut-être que sa réclusion forcée ici lui pèse et qu'une famille de français fraîchement arrivée suffit à faire sauter ses verrous. En tout cas, dès qu'il débarque dans notre guest-house, partageant une noix de coco qu'il ouvre lui-même ou offrant des beignets à la banane encore touts chauds, achetés devant la cérémonie funéraire non loin de là, dès qu'il débarque donc, il n'y a plus qu'à l'écouter.

Le soir, il rentrera dans sa chambre, de l'autre côté de la rue, son bâton à la main pour se protéger des chiens qui règnent en maîtres ici dès le soir tombé.



Alain ne fait pas grand chose, faute d'argent. Il a de toute façon des tonnes de photos à classer et ça pourrait bien lui prendre un mois s'il s'y mettait vraiment un jour. L'internet café de notre guest-house à Ubud étant l'un des moins chers du coin, il y passe une bonne partie de ses journées. Facebook, Skype ou simplement la causette. Quand il a appris que nous avions plein de films sur un disque dur, il nous a pressé de les lui copier, pour ses longues soirées de saison des pluies. Le lendemain, il nous racontait le premier épisode de Breaking Bad, que nous n'avions pas encore vu.

PS : sur la photo, on distingue un chien, au loin, dans la lumiere.

vendredi 11 mars 2011

Bali a l'eau

L'arrière-cour de la magnifique maison balinaise qui nous sert de guest-house dispose d'une grande piscine. Rien à voir avec les piscines occidentales, d'un bleu aussi électrique que l'eau est chlorée.
De forme ogivale, ses bords, ou affleure une eau vert-de-gris mais transparente, sont ceints de mini-douves ou tournent en boucle de gros poissons rouges ou argentés : comme une piste d'athlétisme fait le tour d'un terrain de sport. A la base de l'arrondi, une danseuse balinaise en bronze sourit, allongée a fleur d'eau.
Le soir, quand c'est la fête à la grenouille, on entend parfois un petit "plouf" au milieu du concert de coassements. C'est l'heure ou, parfois sous une brève ondée, quelques brasses silencieuses donnent un nouveau sens au mot volupté.

mercredi 9 mars 2011

Aujourd'hui Bali

Deuxieme jour a Bali. C'est pas pareil que l'Australie.
Voila.

dimanche 6 mars 2011

Pacific Palm, Nord de Sydney

Incroyable contraste en arrivant, après trois jours de voiture depuis Melbourne, à Pacific Palm, près de Forster. Ici, les eucalyptus (eucalypti ?*) laissent la place aux palmiers, aux fougères à tronc et aux acacias. L'air est moite et, sous cette voûte tropicale, les moustiquent font les trois huit. Le lac voisin est leur pouponnière. Mais Saint Baygon oeuvre pour nous.

Nous découvrons de nouveaux chants d'oiseaux. Le Kookaburra, sorte de martin-pêcheur trapu nous avait déjà surpris en Tasmanie, avec ses hurlements de singe surexcité. Les perruches, aussi arrogantes que des pigeons, nous en avions aussi vues, mais pas celles-ci, grises avec les dessous des ailes orange-sécurité routière. Ni ces oiseaux invisibles aux cris de chat, de sifflet, de fouet, de nonosse en plastique pour chiens (pouic)...

La clairière où est installée le caravan park désert nous préserve un peu des insectes et nous rassure : au moins, rien ne pourra nous tomber dessus depuis les arbres. Mais les armées de terre et des airs peuvent nous surprendre à tout moment. C'est que nous sommes en pleine jungle, sur une langue de terre coincée entre le lac miroir et l'océan  pacifique que ça. A trois heures de Sydney, à peine.

Nous surprenons un varan en train de traverser notre clairière. A moins que ce ne soit la sienne. On s'approprie vite les espaces, nous. Balèse, le varan. Près de deux mètres, queue incluse. Mais pas l'air antipathique, pour un varan. Quand on s'approche, il continue son chemin, méfiant. Autant que nous.


* copyright mon père