lundi 25 juillet 2011

L'ami du lac


Attendre. Combien de temps, on ne sait pas. On a juste compris qu’il fallait attendre. Nos places nous sont allouées dans le minibus, Céline et les enfants devant et moi au fond. On s’estime heureux d’avoir trouvé ce minibus pour les rives du lac Baïkal à la gare ferroviaire d’Ulan Ude. Alors attendre quelques minutes, on va pas faire nos difficiles. Deux couples et une maman et son fils occupent déjà six sièges. On comprend vite qu’il nous faudra attendre jusqu’à ce que le minibus soit plein pour partir. Il reste encore trois places disponibles avant que tous les sièges soient occupés, strapontins et place du mort inclus. Un coréen bedonnant se pointe et discute avec le chauffeur. Mais non, la destination ne lui convient pas. On est mal barrés.

Du coup, le chauffeur disparait fumer des clopes avec ses collègues. Bon, pas de stress, on a le temps d’aller acheter de l’eau, des biscuits, du Coca (prononcer « Couca »). Clope. Clope. Les cents pas devant le minibus pendant une heure et demi. Jusqu’à ce qu’une petite poupée se pointe, talons hauts comme ça,  jean moulant, décoloration et faux-cils. Vroum ! On démarre, à treize, dans ce minibus qui roule à fond sur les routes qui nous paraissent du velours par rapport à celles de Mongolie.

On est débarqués au bout d’une route en terre qui longe le lac Baïkal. Ambiance camping populo qui n’est pas pour nous déplaire. Mon voisin de devant (de dans le bus) me parle en russe et m’invite à je-sais-pas-quoi. Il me pointe son index sur la gorge et j’ai un peu peur. Mais il parait amical. Ce que je prends pour une menace de me poinçonner la gorge est une invitation à boire un coup. C’est comme ça que font les Russes.
 Ballade en fin d’après-midi au bord du lac qui, le saviez-vous, est le plus grand du monde. Ou tout du moins la plus grande réserve d’eau douce de la planète : près de mille kilomètres de long (et quatre-vingt de large, ridicule). Je pense qu’on peut le voir depuis la Grande Muraille de Chine, mais je ne suis pas sûr. Les enfants veulent se baigner, moi aussi, Céline moins. Des pédalos d’un autre âge jonchent la plage, très étroite que longe la route. Une aire de jeu déglinguée, des bateaux couverts de rouille échoués, des tentes et des barbecues ça et là. Et partout de la grosse disco russe à fond la caisse provenant des voitures toutes portes ouvertes.

Le Sibérien, habitué à des moins quarante en hiver, entre en plein vent dans les treize degrés du lac sans sourciller. Je ne dépasse pas le mi-cuisses. L’eau est orange comme si elle avait rouillé. Les enfants ressortent frigorifiés, il est temps de rentrer.

Plus tard dans la soirée, Slava, mon Russe du bus, et sa femme Iulia déboulent dans l’isba avec une bouteille de vin rouge, une de vodka, du chocolat pour les enfants et deux poissons fumés. Sans comprendre un traître mot de la langue de l’autre, nous passons toute la soirée à parler, boire et manger. Et dessiner, ça aide à se comprendre. Lui travaille pour l’armée, la programmation, le cosmos, tout ça. Il est interdit de sortie du territoire pendant 4 ans, because top secret. Après ils viendront passer dix jours à Paris. Nous trinquons une dernière fois, à l’amitié éternelle.

2 commentaires:

  1. Si c'est pô mognon !!!
    De grosses bises à tous les 4, on pense bien à vous... Hâte de vous revoir...

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  2. On va lancer la mode du "boire un coup à la russkov" dans cette capitale bien tristoune...total look !

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